Retours d'expériences COST

Retours d'expérience

Dans le cadre de sa mission de soutien des doctorant·e·s et chercheur·e·s en début de carrière, L'ILVV a accompagné cet événement avec un appel à candidature pour participer à cet événement scientifique. L'ILVV a pris en charge en charge Marine LE CALVEZ, Doctorante en sociologie - Université de Lorraine (2L2S). Les candidat·e·s retenu·e·s nous transmettent un compte rendu pour nous faire partager leur retour d'expérience (à lire ci-contre).

Des jalons pour saisir les enjeux de l’exclusion socio-économique

Mon travail de thèse est orienté sur la participation des personnes âgées, en particulier leur participation dans l’adaptation des territoires au vieillissement. Je m’intéresse notamment aux personnes dites « invisibles » dans les espaces habituels de participation. Or celles-ci sont souvent des personnes cumulant différentes caractéristiques pouvant mener à des situations d’exclusion. D’où mon intérêt pour le séminaire proposé, sur l’exclusion socio-économique des personnes âgées.

Comme Jim Ogg et Kieran Walsh l’ont expliqué, l’exclusion économique est multidimensionnelle, elle est plus large que le seul critère de revenu. Il faut prendre en compte d’autres indicateurs pour l’évaluer, tels que le niveau de consommation, le logement, … et des éléments subjectifs. Michal Myck est revenu dessus dans son propos, invitant à s’appuyer sur les évaluations des personnes elles-mêmes sur leur capacité à joindre les deux bouts. Dans mon propre travail, par exemple dans le diagnostic d’un territoire, cela m’incite à m’appuyer sur une diversité d’indicateurs pour nuancer les situations d’exclusion, particulièrement sur des éléments subjectifs.

Kieran Walsh a précisé les spécificités de l’exclusion au grand âge : elle est le résultat d’une accumulation d’événements qui ont marqué la vie des personnes, les personnes ont moins d’opportunités, et moins de possibilités de rencontres, en raison de l’absence de travail et d’une santé limitant les déplacements. Les interventions sur les pensions et les inégalités entre les femmes et les hommes font écho à ce que je constate sur le terrain, avec, par exemple des femmes immigrées qui n’ont pas travaillé, ou des femmes qui vivent plus longtemps et sont aujourd’hui veuves.

Mais c’est vraiment l’éclairage de James Banks qui fut surtout enrichissant pour moi. D’abord, la recherche autour de « l’épidémie de la solitude », faisant le constat que la solitude n’augmente pas chez les personnes âgées mais plutôt dans la société britannique dans son ensemble, permet de prendre du recul par rapport aux discours communs et aux pré-notions que je pourrais avoir, d’autant plus que je viens d’entrer dans le champ du vieillissement, qui m’était auparavant inconnu. Cela me rappelle aussi un article de Dominique Argoud sur le problème public de la solitude des personnes âgées, construit en France après la canicule de 2003.

En tant qu’économiste, James Banks, a ensuite défini les différentes facettes du statut économique au grand âge. Il distingue quatre facteurs principaux influant sur le statut économique : le revenu (un flux), la richesse (un stock), la consommation et le marché du travail. Ces ressources économiques varient en fonction du pays, des politiques publiques en place mais aussi, à un niveau micro, en fonction des individus, de leur ménage et de leur famille.
Finalement, en tant que sociologue ayant eu des enseignements d’économie politique, j’ai apprécié bénéficier du regard d’un économiste sur l’exclusion des personnes âgées. Cela m’incite à ne pas oublier les façons de problématiser dont j’ai connaissance. D’une part, comme James Banks l’a rappelé, les économistes distinguent les niveau micro-économiques et macro-économiques, les situations observées à ces deux niveaux pouvant entrer en opposition. D’autre part, les économistes distinguent les enjeux de court terme et de long terme. Observer des enjeux différents nécessite selon eux, de recourir à des outils différents, un seul outil ne pouvant servir deux objectifs à la fois.

Enfin, l’intervention sur les gilets jaunes de Jean-Pierre Bultez, consultant auprès des Petits frères des pauvres, m’incite finalement à creuser le lien entre exclusion économique et exclusion politique et ainsi à préciser la catégorie des « invisibles » des processus démocratiques, catégorie mise en avant par une recherche du Réiactis, le programme d’études internationales sur le vieillissement.

Une entrée dans un réseau européen

Cette journée d’études fut la première journée d’études en anglais et sur le vieillissement, à laquelle j’ai participé, après des journées d’études à Metz, autour du Réiactis, un réseau d’études international principalement francophone. Ce fut une belle opportunité pour prendre vraiment conscience de la dimension que représente la recherche européenne en sciences humaines et sociales sur le vieillissement.

J’ai d’abord eu la chance que Jim Ogg me contacte en amont, en tant que bénéficiaire d’une bourse ILVV, pour me présenter le ROSEnet et Kieran Walsh, Chair du réseau. J’ai rencontré une autre personne de la CNAV, à savoir Violaine Leyder, coordinatrice dans la direction des relations internationales, et avec qui j’ai pu partager mon travail de recherche comparatif. Elle m’a proposé de me transmettre des références pour mieux connaître les politiques de vieillesse en Allemagne.

J’ai rencontré Pr. Monika Alisch, sociologue urbaine spécialisée sur le vieillissement, et enseignante dans une université de travail social en Allemagne. J’ai pris connaissance de ses travaux à la suite de la conférence, et j’espère pouvoir la rencontrer au printemps afin d’échanger là-dessus.

J’ai également fait la connaissance de Lena Dahlberg, chercheuse suédoise membre du « social relations working group ». M’intéressant à la participation sociale des personnes âgées, je lirai ses travaux ainsi que ceux de Kieran Walsh et de leurs équipes.

A la fin de la journée, j’ai rencontré Isabelle Tournier, qui travaille au centre d’informations sur la démence au Luxembourg. Etant concernée, à Metz, par la recherche transfrontalière, et une de mes collègues, doctorante en géographie étudiant le vieillissement dans la grande région (Wallonie, Lorraine, Luxembourg, Sarre, Rhénanie-Palatinat), j’espère rester en contact avec elle.

Enfin, j’ai fait connaissance de Carlyne Berthot, doctorante en sociologie à Grenoble, qui travaille sur VADA et les relations entre les personnes âgées et leur environnement. Nous avons pu échanger sur nos travaux et avons prévu de garder le contact.

Marine LE CALVEZ,
Doctorante en sociologie
Université de Lorraine (2L2S)