Les 5 thématiques et leurs tables rondes
Pour ce symposium, 5 thématiques ont été retenues et feront l'objet chacune de 2 tables rondes : • Thématique 1. Lieux de vie, mobilité, environnement • Thématique 2. Parcours de vie au fil du vieillissement • Thématique 3. Vulnérabilité ou fragilité des plus âgés • Thématique 4. Vieillissement, innovation, technologie • Thématique 5. Soutiens et solidarités.
Le format "tables rondes" permettra de présenter de manière interactive des travaux portant sur des questions proches autour d'enjeux-clés de notre champ de recherche. L'objectif est de faire dialoguer 4 collègues issus de disciplines variées autour de questions qui relient leurs travaux.
Les thématiques
LUNDI 27 JUIN 2022
THÉMATIQUE 1 • Lieux de vie, mobilité résidentielle, environnement
coordonnée par Laurent Nowik (CNAV) et Jean-Philippe Viriot-Durandal (U. De Lorraine)
11h00-12h15 • Table Ronde 1•1
animée par L. Nowik
HABITATS DÉDIÉS VERSUS HABITATS ORDINAIRES
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13h30-14h45 • Table ronde 1•2
animée par J-P. Viriot-Durandal
HABITATS, ESPACES ET TERRITOIRE
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• CONTEXTE •
De nombreuses études démontrent l'influence de l’environnement social et relationnel sur la participation sociale des personnes âgées, leur sentiment d’utilité et leur santé. Elles ont contribué à orienter l'action publique en faveur de la consolidation de cet environnement. Or il est aussi étroitement lié à l’environnement physique qui constitue un axe d’intervention possible. Pouvoir sortir ou recevoir et accéder aux lieux de sociabilité est en partie conditionné à la configuration du logement et du quartier.
Les caractéristiques physiques du logement et son (in)adaptation à la fragilité et aux difficultés fonctionnelles des habitant·e·s jouent sur le sentiment de sécurité (risque de chutes, défaut d’accès à certains espaces) et la nécessité pour la personne d'être aidée. Quant à l'environnement résidentiel, les infrastructures et leur accessibilité déterminent en partie la poursuite des activités des personnes qui connaissent des difficultés fonctionnelles. Ainsi un lieu de vie "adapté" favorise le maintien de l'autonomie, des contacts et de la participation sociale ; inadapté, il peut renforcer le sentiment d’isolement et l'éloignement aux services en complexifiant les déplacements.
Dans un autre registre, se pose la question d'un lieu de vie "bien situé", propice à la qualité de vie des personnes : ancré dans leur histoire, intégré dans la cité, proche de leurs réseaux et leurs activités. La complexité vient alors de l'articulation entre "bien situé" et "adapté". Entrent en jeu des facteurs tant subjectifs qu'évolutifs avec l'âge, rendant l'équation souvent difficile à résoudre. Comment dès lors penser les politiques de l'habitat en tenant compte des situations différentes et de la diversité des territoires ? Avec l’avancée en âge et la progression de la géronto-croissance et des politiques favorisant le "maintien au domicile", la relation entre lieu de vie et vieillissement mérite d’être pleinement interrogée.
Du côté de l'adaptation des lieux de vie, on s'interroge sur les qualités de l’habitat à encourager : à l’échelle du logement pour maintenir un plein usage du domicile (normes architecturales, logements évolutifs, domotique, nouveaux types de résidence) ; à l’échelle territoriale du quartier ou de la commune pour faciliter les mobilités douces et l’accès aux services.
Ces problématiques s’adressent à l’action publique qui peut exiger de nouvelles normes en matière d’habitat et de mobilité, aux acteurs du logement et de l’aménagement des espaces, mais aussi aux individus, amenés à (re)considérer leur habitat, voire leur localisation.
Le logement "bien situé" pose la question des facteurs et implications de la mobilité ou de l'immobilité résidentielle avec l'avancée en âge ; et la question de leurs variations selon les territoires (rural-périurbain-urbain), l'histoire résidentielle antérieure (ancrage vs mobilités), la configuration du ménage (vivre seul, en couple, avec d'autres), la proximité du réseau social, la santé, les conditions de vie (ressources, propriété vs location,…), etc. Alors que le modèle des EHPAD montre insuffisances et limites, on s'interroge sur les formes d'habitats à imaginer pour prévenir ou accompagner demain la grande dépendance.
Ces deux tables rondes s'intéresseront à plusieurs questions très intriquées : celles de l'adaptation des lieux de vie, celles des mobilités résidentielles choisies ou imposées (santé, ressources financières), celles des politiques du "vivre sur place", plus ou moins adaptées aux configurations territoriales et aux caractéristiques de ses habitant·e·s. Elles donneront à voir la diversité des expériences selon le lieu de vie et comment les politiques publiques et l'ensemble des acteurs concernés se saisissent de ces questions.
LUNDI 27 JUIN 2022
THÉMATIQUE 2 • Parcours de vie au fil du vieillissement :
déterminants, recomposition et complexification
coordonnée par Carole Bonnet (Ined) et Aline Chamahian (U. de Lille)
15h00-16h15 • Table ronde 2•1
animée par C. Bonnet
FABRIQUER SES CONDITIONS DE VIE À LA RETRAITE
• Hélène BLASQUIET-REVOL, Doctorante, Géographie et Sciences politiques • Maël GAUNEAU, Doctorant, Sociologie • Julie ROCHUT, Chargée de recherche, Économie • Laurent SOULAT, Chargée d'études, Économie
16h45-18h00 • Table ronde 2•1
animée par A. Chamahian
TOUS EXPOSÉS DURANT LES PARCOURS PROFESSIONNELS ? IMPLICATIONS, PRÉVENTION ET "RÉPARATION"
• Constance BEAUFILS, Doctorante, Sociologie et Démographie • Olivier CRASSET, Ingénieur de recherche, Sociologie • Marie-Amélie LAUZANNE, Ingénieure de recherche, Sociologie et STAPS • Corine REYNETTE, Doctorante, Sociologie
• CONTEXTE •
L’allongement de l’espérance de vie modifie profondément les "temps" du cycle de vie. Les comportements conjugaux et familiaux, professionnels et de départ en retraite évoluent en réaction à un horizon temporel qui s’allonge, moins maîtrisable, plus incertain (Bessin, 1994 ; Kohli et al., 2002). On observe aujourd'hui un double phénomène qui sous-tend les parcours de vie au fil du vieillissement : une dé-standardisation (étapes moins chronologisées, plus flexibles, réversibles) et une désinstitutionalisation (affaiblissement des institutions) (Cavalli, 2007). Par ailleurs, arrivent aux grands âges les générations du Baby-Boom qui ont des comportements et préférences différents de leurs aînées (Bonvalet et al., 2015). Ces parcours de vie diversifiés et plus complexes produisent une hétérogénéité des vécus aux grands âges en termes de relations (familiales, conjugales, intergénérationnelles), de retraite, de conditions de vie.
On observe ainsi des mutations familiales et conjugales. Divorces et séparations, remariages et cohabitations connaissent une forte croissance au-delà de 50 ans et l'étude des "divorces gris" se développe (Brown, Lin, 2012). Mais on connaît encore mal leurs déterminants et leurs implications, selon le sexe (Bonnet et al. 2019) ou socialement, en termes de niveau de vie, co-résidence, bien-être, santé, transferts (monétaires ou en temps) et recompositions familiales (Brown et al., 2019 ; Vespa, 2012). On s'interroge sur la façon dont les choix conjugaux redessinent les rapports sociaux de genre et les liens entre membres d'une famille. Ils modifient potentiellement les formes de solidarité que prodiguent ou reçoivent les personnes vieillissantes, selon leur nature (transferts financiers, aide, soutien) ou leurs ancrages spatiaux (Chamahian et al., 2014). On s'interroge sur la manière dont l'évolution de ces rapports et liens s'articule avec les équilibres entre les solidarités familiales et publiques, via les systèmes de protection sociale, au fil des âges (Cox, 1995 ; Reil-Held, 2006 ; Guillemard, 2007 ; d’Albis et al., 2018).
On observe parallèlement des mutations dans les parcours professionnels et les comportements de passage à la retraite (Coile, 2015 ; Larsen et al., 2013). Les "fins de carrière" sont plus complexes. Elles dépendent des parcours et des dispositifs en place. Elles sont aussi liées aux relations entre les générations qui coexistent au travail et plus largement dans la sphère familiale et dans la société. Si l'on mise sur la transmission des savoirs et expériences de l'une à l'autre, certaines évolutions sociales, organisationnelles et technologiques peuvent creuser des fossés et isoler les plus anciens. On constate aussi des formes de mise en concurrence des générations (ex. dépenses publiques ou emplois) qui influent à leur tour sur les conditions du vieillissement.
Enfin, on observe une plus grande porosité des temps sociaux à ces âges qui questionne la manière dont le temps "libéré" de la retraite est utilisé (Sue, 1994) : en modifiant les activités au sein du ménage et auprès de la famille, en reprenant des études (Chamahian, 2013), en travaillant dans la continuité de sa carrière (Cardon, 2020), ou en reconversion (Chamahian, 2012 ; Jolivet, 2013), en s’investissant dans la vie sociale (Bickel, 2014 ; Prouteau et al., 2007). On s'interroge sur la manière dont ces engagements diffèrent selon le genre, le milieu professionnel, la situation économique et familiale, la santé ou le rapport au vieillissement.
Dans ce contexte, ces deux tables rondes s'intéresseront à ces parcours en évolution, à leurs déterminants et à leurs implications. On se demandera dans quelle mesure, et pour qui, ils affectent la fin de vie professionnelle et donnent de la consistance aux temps de la retraite, s'ils colorent les liens intergénérationnels et le vivre ensemble et s'ils modifient le regard porté par la société aux grands âges.
MARDI 28 JUIN 2022
THÉMATIQUE 3 • Vulnérabilité ou fragilité des plus âgés :
entre capacités de résilience et risques accrus de perte d'autonomie
Coordonnée par Frédéric Balard (U. de Lorraine) et Karine Pérès (Inserm)
9h30-10H45 • Table Ronde 3•1
animée par F. Balard
FRAGILITÉS, VULNÉRABILITÉS : DÉFINITIONS, MESURES ET USAGES
• Camille CHAMBONNIÈRE, Doctorante, Santé publique et STAPS • Aline DÉSESQUELLES, Directrice de recherche, Démographie • Anthony FRIOUX, Doctorant, Psychologie • Delphine ROY, Directrice de programme "Santé-autonomie", Économie et Statistiques
11h00-12h15 • Table ronde 3•2
animée par K. Pérès
FRAGILITÉS ET COVID-19
• Laure CARCAILLON-BENTATA, Cheffe de projet scientifique, Épidémiologie et Santé publique • Florence CANOUI-POITRINE, Professeure des universités, Épidémiologie • Clément DEBRUYÈRES, Doctorant, sociologie • Céline RACIN, Maître de conférences, Psychologie clinique et psychopathologie
• CONTEXTE •
Voilà maintenant plus de trente ans que la "fragilité", terme issu du langage courant, s’est développée dans le champ gérontologique (Vaupel, 1988, Rockwood et al. 1994). Devenue une notion quasi incontournable, sa définition et ses mesures (Rockwood et al. 2005) ont fait l’objet de multiples travaux, allant d’une lecture très biologique (Fried et al. 2001, Clegg et al. 2013) à des acceptions plus larges visant soit à articuler la fragilité biologique à ses conséquences sociales, soit à proposer une vision élargie du concept incluant des dimensions culturelles et sociales (Balard et al. 2013) au risque parfois d’essentialiser et de réifier les personnes âgées en faisant de la fragilité un "temps de la vie" incontournable du grand âge (Lalive d’Epinay et al. 2007). Certains auteurs (Faya Robles 2021) considèrent à ce titre que la notion de fragilité participe à façonner les lectures de la sénescence et à bouleverser la distinction entre normal et pathologique pour devenir un critère de classification des personnes âgées.
Au-delà d’un élément de caractérisation du vieillissement et de la longévité, la fragilité a pu être mobilisée en tant qu’outil clinique (Rockwood et al. 2005b, Hoogendijk et al. 2019) et de screenage (Searle et al. 2008) des populations âgées afin de permettre une meilleure prise en charge gériatrique (Morley et al. 2013) mais également pour conceptualiser, décrire et anticiper des trajectoires de vieillissement (Yashin et al. 1997). Dans cette optique, le développement de différents index de fragilité (Cesari et al. 2014) a également pu être mobilisé dans le cadre de programmes de santé publique (Morley et al. 2013) visant à anticiper et prévenir la perte d’autonomie (Bertillot et al. 2016) comme le programme Paerpa (Teixeira, 2015). Ces concepts, approches et outils s'imposent dans les recherches et les débats plus que jamais alors que la crise sanitaire du COVID-19 a exacerbé la vulnérabilité des plus âgés.
En effet, face aux crises sanitaires, les personnes âgées figurent parmi les plus à risque. Comme l'avaient déjà fait la canicule de 2003, et d'autres épisodes de moindre ampleur, le COVID-19 a très largement touché les plus âgés. Leurs caractéristiques physiologiques, médicales, psychologiques, sociales et celles liées à leur environnement peuvent en effet les rendre plus vulnérables. Les comorbidités, l’isolement social, la fragilité, le fait de dépendre d’une tierce personne pour faire face au quotidien dans un environnement devenu hermétique au monde extérieur, sans compter la baisse des repères et stimulations physiques, cognitives et sociales sont autant de contextes potentiellement défavorables pour les plus fragiles.
Pourtant, certains travaux suggèrent aussi que les personnes âgées auraient présenté durant cette crise de meilleures capacités de résilience que les plus jeunes, ayant des niveaux de dépression et d’anxiété largement plus faibles par exemple. En outre, les personnes les plus actives, les plus engagées dans la vie sociale sont également celles qui se sont retrouvées les plus entravées dans leur quotidien et donc potentiellement les plus en difficulté et en souffrance face à ce "séisme", tandis que d’autres déjà confinées dans leur milieu de vie par une santé précaire (physique ou cognitive) pourraient ne pas avoir vécu cette période de manière aussi négative et délétère.
L’objectif des tables rondes de cette thématique est de croiser les regards disciplinaires sur les définitions, les usages et les mesures de la fragilité pour en saisir les contours, les apports et limites mais aussi ses proximités et différences avec d’autre notions telles que la vulnérabilité (Bungener, 2004) ou la précarité (Becuwe et al. 2014) dans l’âge avancé. Nous nous intéresserons aux travaux ayant exploré les fragilités/vulnérabilités des plus âgés sous divers angles, et notamment face à l’épidémie de Covid-19.
MARDI 28 JUIN 2022
THÉMATIQUE 4 • Vieillissement, innovation, technologie : écueils et promesses
Coordonnée par Valentin Berthou (Mire/Drees) et Ludovic Saint-Bauzel (Sorbonne Université)
13h30-14h45 • Table ronde 4•1
animée par V. Berthou
INNOVATION(S) : MÉTHODOLOGIE, CONCEPTION ET PRODUCTION
• Etienne BERGER, Ingénieur de recherche hospitalier, Géographie • Julie GOLLIOT, Responsable de la recherche, Sciences de l'information et de la communication • Méoïn HAGÈGE, Chercheure, Sociologie et Santé publique • Hélène SAUZÉON, Professeure des universités, Psychologie
15h00-16h15 • Table ronde 4•2
animée par L. Saint-Bauzel
VIEILLISSEMENT ET INNOVATION : COMMENT ABORDER L'INNOVATION DANS SES USAGES, SES REPRÉSENTATIONS ET LES POLITIQUES D'ACCOMPAGNEMENT
• Dominique ARGOUD, Maître de conférences, Sociologie • Christelle NAHAS, Doctorante, Psychologie cognitive et Neurocognition • Emmanuel NIYONSABA, Post-doctorant, Sociologie • Nadine VIGOUROUX, Chargée de recherche, Informatique
• CONTEXTE •
Avec l'accroissement du nombre de personnes âgées, se sont développées une silver économie et des "silver techs", dotées de moyens financiers importants. Il s'est agi de concevoir des dispositifs sociotechniques pour pallier le déclin fonctionnel lié à l'avancée en âge. Mais de nombreuses tentatives de production ou commercialisation de ces technologies ont échoué. Ce constat d'échec impose une réflexion sur les processus de conception. Plusieurs pistes méritent d'être explorées.
Il faut interroger les lieux et acteurs de production, plus divers que par le passé. Historiquement, issues de la recherche universitaire, les silver techs viennent aujourd'hui aussi des entreprises, des organisations en prise directe avec des institutions du care ou des lieux à modèle "centré utilisateur" tels que les Living Labs, avec un rôle croissant d'associations d'utilisateurs. Ces nouveaux environnements et leurs canevas organisationnels réinterrogent divers aspects de la conception : place des usagers, champs d'application, accès aux innovations, méthodologies, évaluation, etc. Cette nouvelle structuration et la diversification des acteurs invitent à en analyser les apports et sources de difficultés.
Il faut ensuite interroger les logiques de conception et leurs temporalités. On identifie un premier décalage entre les temporalités du monde de la recherche (et développement) et les processus accélérés auxquelles sont soumises les innovations. L'immédiateté se trouve aussi en décalage avec les temps sociaux alors que l'accroissement de l'espérance de vie invite à penser sur le long terme la constitution même des technologies : durabilité, caractère évolutif, permanence des usages…
Il faut encore interroger sur ce que veut dire produire de l'innovation technologique pour les personnes âgées ; une population mal connue alors qu'elle est de plus en plus hétérogène, parfois soumise à des stéréotypes en matière de besoins et d'usages technologiques.
On identifie ici un autre décalage temporel, générationnel, quand la production technologique, portée par de "jeunes" ingénieurs, doit s'accorder aux demandes de plus âgé·e·s ou de leurs aidant·e·s.
On identifie encore la difficulté de s'intéresser à un temps particulier du cycle de vie. Le vieillissement est un processus d'acceptation de limites qui évoluent, et de l'arrivée d'une fin : il entraîne une modification des aspirations et/ou des pratiques avec le temps pour un même besoin.
Il faut enfin interroger l'articulation des expertises nécessaires pour cibler la demande, assurer l'adéquation de la conception au quotidien des usagers, évaluer le fonctionnement et le bénéfice ; évaluer notamment le bénéfice d'une stratégie d'innovations "sur mesure" au regard de celle misant sur les innovations "sur étagère" ; évaluer alors la transférabilité des technologies d'un usage à un autre, d'un groupe d'usagers à un autre…
C'est un travail interdisciplinaire qui permet de contextualiser les spécificités des silver techs pour limiter les échecs d'appropriation et d'usage. Outre l'éclairage sur les besoins, il doit permettre aussi de saisir l'image que donne le besoin d'assistance technologique ; poser un regard éthique sur le caractère potentiellement contraignant, intrusif des technologies notamment lorsque la demande émane des proches et non de la personne.
MERCREDI 29 JUIN 2022
THÉMATIQUE 5 • Soutiens et solidarités : sur qui et sur quoi compter en vieillissant ?
coordonnée par Sabrina Aouici (CNAV) et Florence Jusot (U. Paris Dauphine)
9h30-10H45 • Table Ronde 3•1
animée par S. Aouici
REPRÉSENTATIONS, EXCLUSION, ÂGISME : REPENSER LES CATÉGORIES
• Valérie BERGUA, Maître de conférences, Psychogérontologie et Psycho-épidémiologie • Marianna DANKO, Chargée d'études, Psychologie sociale • Pauline GOUTTEFARDE, Doctorante, Psychologie sociale, Santé publique et Sociologie • Marie MERCAT-BRUNS, Maître de conférences, Droit privé et Droit social
11h00-12h15 • Table ronde 3•2
animée par F. Jusot
FAMILLE, SERVICES, INNOVATIONS : QUELLES PISTES POUR MAINTENIR L'AUTONOMIE
• Emmanuel AUBIN, Professeur des universités, Droit privé • Blandine DESTREMAU, Directrice de recherche, Sociologie • Sophie MITRA, Professeure des universités, Économie • Léa TOULEMON, Chargée d'études, Économie
• CONTEXTE •
La question des soutiens dans la vieillesse a fait l’objet de nombreux travaux que ce soit à travers l’étude des réseaux formels et informels des personnes âgées, l’étude de l'aide au sein des familles et des couples âgés ou encore celle de la solitude et de l’isolement. La question des soutiens croise celle de la construction des liens et solidarités entre les aînés et les plus jeunes dans des sociétés en évolution.
Le réseau et la socialisation des personnes participent à leur qualité de vie. Or la probabilité de vivre moins entouré·e, voire seul·e, s'accroît avec l'âge (éloignement des enfants, veuvage, décès de proches), tout comme le déclin fonctionnel qui peut limiter les relations sociales.
La diminution des liens ou la solitude ne sont pas toujours associées à un isolement et un réseau n'empêche pas le sentiment d'isolement. Mais la perte de contact peut fragiliser les personnes en accentuant des vulnérabilités (précarité socioéconomique, problèmes de santé, perte d’autonomie), et ce d'autant plus dans un contexte de crise telle que celle du COVID-19.
Par ailleurs, les fragilités et inégalités peuvent s’accentuer avec l’avancée en âge sous l’effet de transformations sociales, parfois mal maîtrisées par les générations anciennes. Les progrès techniques ont ainsi modifié les outils de communication, dématérialisé les services publics ou l'accès aux soins et services, exposant nombre de personnes âgées à des formes de désocialisation, de renoncements aux soins ou prestations (ex. exclusion numérique). La diminution des liens sociaux, le sentiment d'isolement ou d'exclusion, et le besoin d'aide peuvent s'accroître en raison de ces transformations. En tant que soutien mobilisable, le réseau familial constitue un pilier de l'accompagnement de la perte d'autonomie, articulé avec les dispositifs de protection sociale. Les liens filiaux observés aux grands âges résultent des parcours et des formes d'échanges entre générations tout au long de la vie.
La relation d'aide vers les plus âgés repose finalement sur ces liens. Elle les transforment en revêtant une forme de "dépendance", qui est souvent redoutée. Il en ressort des différences dans la propension des parents à demander de l'aide et celle des enfants à aider.
Il est difficile d'anticiper les comportements des générations futures, mais on peut explorer les diverses stratégies de recours aux proches pour prévenir ou accompagner la dépendance ; articuler les soutiens formels et informels ; accéder aux droits, aux soins, aux ressources du territoire ; préserver les liens et maintenir des sociabilités électives. On s'interroge sur les comportements des générations vieillissantes vis-à-vis du risque dépendance auquel elles sont exposées, et les souhaits et choix de prise en charge.
Cette problématique questionne plus largement les rapports intergénérationnels. L'allongement de l'espérance de vie et la diversité des parcours sont susceptibles de modifier à l'avenir les temporalités et disponibilités de ces soutiens : il est important d'en comprendre les implications pour anticiper les ressources sur lesquelles les plus âgées devront ou souhaiteront compter.
Ces deux tables rondes s'intéresseront ainsi aux rapports intergénérationnels dans la vieillesse et à la manière dont ils jouent sur les soutiens mobilisables aux grands âges, et ce au prisme des inégalités socioéconomiques, de santé, de genre ou encore territoriales. Il s'agira d'examiner les diverses formes de soutiens et d'échanges pour en éclairer les facteurs et les implications sur les besoins et les ressources. En filigrane, se posera la question du non-recours, qui amènera à analyser les choix et inégalités d’accès aux diverses ressources, de recours effectif à ces ressources et, plus largement, à s’interroger sur les inégalités dans la conservation des sociabilités dans la perte d’autonomie.