Retours d'expériences du 6e colloque international REIACTIS

Retours d'expérience

Dans le cadre de sa mission de soutien des doctorant·e·s et chercheur·e·s en début de carrière, L'ILVV a accompagné cet événement avec un appel à candidature pour participer à cet événement scientifique.

L'ILVV a pris en charge en charge Lucie DÉLIAS, docteure en Sciences de l'information et de la communication Université de la Sorbonne Nouvelle, post-doctorante et Guillaume MATUZESKI, doctorant en anthropologie, Université Lumière Lyon2. Les candidat·e·s retenu·e·s nous transmettent un compte rendu pour nous faire partager leur retour d'expérience (à lire ci-contre).

Grâce au soutien de l’ILVV, que je remercie chaleureusement, j’ai eu la chance d’assister à l’intégralité du 6ème colloque du REIACTIS au début du mois de février 2020. Le thème du colloque touchait directement aux pistes et interrogations développées dans ma thèse, récemment soutenue.

Mon travail doctoral portait sur les usages numériques des adultes âgés et la façon dont les stéréotypes et injonctions normatives spécifiques adressées à ce groupe influencent pratiquement et symboliquement leur relation avec les outils technologiques dans le quotidien. Ainsi, les diverses interventions en lien avec le thème « Société inclusive & avancée en âge » m’ont permis de prolonger mes réflexions sur la façon dont les outils numériques peuvent être considérés comme des moyens efficaces pour améliorer l’inclusion des plus âgés, et, au contraire, comment la numérisation croissante de la vie sociale peut constituer une source supplémentaire d’exclusion.

Provenant d’un laboratoire de Sciences de l’information et de la communication spécialisé dans l’étude des médias et du numérique où je suis la seule membre travaillant sur la vieillesse, j’ai décidé d’assister à des sessions aux thèmes les plus variés possibles pour élargir ma vision des problématiques contemporaines du vieillissement. Ayant étudié principalement les retraités du « troisième âge », je souhaitais, entre autres, approfondir mes connaissances sur le grand âge.

Liste des sessions entendues :

1. Mourir au grand âge en contexte occidental aujourd’hui. Vivre sa fin de vie : quels espaces de dialogue et de choix ?
2. Atelier de curiosité conceptuelle : trois approches de l’inclusion
3. Environnements physiques et sociaux face au vieillissement
4. Formation tout au long de la vie, défis et enjeux pour l’inclusion
5. Vieillissement actif, engagement et intégration sociale
6. Intégration, discrimination et intergénération en question
7. L’inclusion digitale au prisme des usagers
8. L’inclusion digitale : nouveaux défis politiques, économiques et sociaux
9. Pouvoir d’agir, empowerment et méthodes participatives

De manière générale, j’ai été très intéressée par la variété des points de vue représentés dans les communications (chercheurs, mais aussi professionnels et représentants des institutions internationales) ainsi que par la perspective très internationale du colloque, permettant d’effectuer des comparaisons entre mon terrain en France et la situation d’autres pays (Chine, Japon, Uruguay, Angleterre, Danemark…). Le travail de définition et de critique des notions et concepts (intégration, inclusion, justice sociale, liens sociaux) proposé par les intervenants s’est avéré particulièrement stimulant.

Un certain nombre de communications, dans les séances plénières comme dans les sessions parallèles, ont interrogé les liens entre vieillesse et handicap. J’ai commencé à aborder cette question dans mon travail de thèse, à partir des controverses sociotechniques autour de l’accessibilité des objets numériques et de leurs interfaces pour les publics « empêchés » ou grands débutants : alors que certains promeuvent un design spécifique qui peut s’avérer in fine excluant et infantilisant, d’autres soutiennent l’idée d’un design universel simplifié, qui profiterait à l’ensemble des usagers.

Dans cette perspective, les chercheurs en SHS et les membres de la société civile appellent à lutter contre une vision purement biomédicale de la vieillesse et du handicap au profit d’une approche constructiviste qui considère que ce sont des environnements sociaux inadaptés, bien plus que les caractéristiques physiques des individus, qui produisent des situations d’exclusion (P. Fougeyrollas). Néanmoins, la position des personnes vieilles d’une part et handicapées d’autre part ne peuvent pas toujours être mises en équivalence, notamment parce que les aînés ne se constituent que rarement en groupes politiques porteurs de revendications communes, alors que les mouvements autour du handicap sont structurés et relativement anciens. Ainsi, malgré les ponts existant entre les Aging Studies et les Disability Studies, l’âgisme et le validisme apparaissent comme deux types de discrimination comparables mais différentes, à l’instar du sexisme ou du racisme (voir Rennes, 2019). Ainsi, plusieurs interventions ont permis de mieux qualifier les spécificités de la gérontophobie, à partir des cas du traitement médical de l’ostéoporose (J. Guillemot) ou encore de la place des femmes âgées dans l’espace public (A. Meidani).

Les communications ont aussi pointé la nécessité de dépasser la « culture catégorielle » issue de la construction de la figure des publics dans les politiques publiques (C. Meistermann), qui enferme les bénéficiaires dans des rôles figés et reconduit une forme d’ « autrisation » contraire à l’objectif d’inclusion. Cette conception peut amener à privilégier l’assistance au détriment de la reconnaissance dans le travail d’accompagnement des personnes, menant à des situations où le lien social constitue en réalité une source de fragilité (S. Paugam). Cette idée fait directement écho à mes réflexions sur la catégorie de « senior » utilisée par le marketing et le milieu associatif, qui a des effets parfois plus normatifs que libérateurs pour les personnes concernées.

Les intervenants ont recommandé de renverser cette logique de segmentation pour construire des interventions fondées sur la singularité des cas individuels (Y. Pillan) et sur une approche situationnelle. Cependant, ces solutions « sur-mesure » favorisant l’équité exigent des moyens humains et financiers conséquents, qui semblent difficilement compatibles avec les politiques néolibérales et de réduction de dépenses publiques qui dominent dans les pays de l’U.E.

La nécessité de dépasser l’étude exclusive de la vieillesse pour penser et agir sur le vieillissement en prenant en compte l’ensemble du parcours de vie a émergé comme un autre point de consensus parmi les intervenants. Afin d’encourager l’inclusion, il semble nécessaire de développer un accompagnement qui prenne place non pas en fonction d’une tranche d’âge, mais de manière intégrative tout au long de la vie, afin de réduire efficacement les inégalités sociales observables dans la dernière partie de la vie, mais aussi entre les générations (M. Aartsen, S. Harper).

Interrogée sur l’absence récurrente des adultes âgés de classes défavorisées et/ou peu éduqués dans les programmes de formation, A. Chamahian a souligné que l’une des seules solutions réalistes pour répondre à ce déséquilibre résidait dans la mise en place d’actions pour développer une socialisation à l’éducation et valoriser plus fortement l’apprentissage pour tous dès le plus jeune âge. Ce constat permet d’éclairer mes propres observations de terrain sur les difficultés liées à l’apprentissage individuel et aux politiques de formation des retraités à Internet, dans un environnement technologique caractérisé par des évolutions permanentes et rapides. Cela fait aussi écho aux propos des auteurs issus de la gérontologie critique qui ont largement inspiré mon travail et appellent au développement des Age Studies, qui étudient l’ensemble des âges de la vie en lien les uns avec les autres (voir Gullette, 2004 ; Katz, 2014). Cette approche permet notamment d’éclairer et de dépasser les discours réducteurs sur le conflit entre les générations qui opposent d’un côté les digital natives, utilisateurs experts mais potentiellement mis en danger par leur consommation excessive d’écran, et de l’autre les générations anciennes, incompétentes voire technophobes, mais pouvant être « sauvées » de leur condition problématique de personnes âgées grâce à l’usage des outils numériques.

Enfin, plusieurs communications ont mis l’accent sur l’importance de développer des recherches qui ne visent pas seulement à expliquer et analyser la vieillesse et le vieillissement, mais également à augmenter le pouvoir d’agir des aînés. La plupart des travaux sociologiques intègrent désormais, dans un souci de ne pas objectiver les publics étudiés, la prise en compte de la parole et du ressenti des plus âgés, notamment en ce qui concerne la mesure du « vieillissement réussi » : le bien-être, par exemple, est largement reconnu comme étant avant tout une notion subjective. Au-delà, il peut s’agir d’un travail réflexif visant à faire une « sociologie des usages sociaux de la sociologie » (H. Marchal), ou plus directement à mettre en place des dispositifs de recherche participative qui incluent les personnes concernées dans une démarche « par et pour » (M. Paris, B. Eyraud) menant à la valorisation des savoirs expérientiels et de l’empowerment. Cette dernière perspective a éclairé mes interrogations, examinées dans un chapitre de ma thèse, concernant la légitimité de ma position de chercheuse « jeune » enquêtant sur des personnes « vieilles » et leurs effets sur les résultats de l’enquête.

Deux sessions portant plus spécifiquement sur le numérique se sont déroulées le 6 février. Une part importante des communications, en accord avec les approches développées dans mes travaux, ont appelé à une vision nuancée des effets des NTIC sur la vie des adultes âgés.

Lors de la première session, la présentation de L. Ivan sur le lien entre les grands-mères et les technologies numériques dans les dynamiques familiales m’a particulièrement intéressée. Premièrement, elle montre bien que les NTIC apportent certes des changements, mais ne bouleversent pas radicalement la structure traditionnelle des relations sociales : en raison de leur socialisation genrée, les femmes endossent plus systématiquement le rôle de médiatrices relationnelles. Les grands-mères utilisent alors les TIC pour rester en contact avec les membres de leur famille, mais, dans une logique de care, accompagnent aussi leurs petits-enfants dans l’utilisation des outils numériques. Ensuite, l’étude choisit de se focaliser sur les conflits familiaux liés aux NTIC. Cette perspective est originale dans le sens où elle envisage les aspects potentiellement négatifs des liens de filiation (S. Paugam), que j’ai également pu observer sur mon terrain. En effet, l’assistance que les enfants adultes fournissent à leurs parents âgés dans l’utilisation Internet peut être une source de tension et ne s’avère pas toujours bénéfique pour l’autonomie numérique des aînés.

La seconde session interrogeait les apports des technologies numériques pour les adultes âgés, lorsqu’elles sont utilisées par les institutions. Ces apports sont ambigus : la communication de S. Aouici et R. Gallou sur la dématérialisation des services publics a confirmé mes observations quant à l’inquiétude que provoque la numérisation des démarches du quotidien chez les retraités les moins à l’aise avec Internet. À l’instar des encadrants des associations rencontrées sur mon terrain, les chercheurs appellent au maintien des relations multimodales avec les administrations, sous peine d’augmenter le risque d’exclusion des personnes les plus vulnérables. De son côté, l’étude de C. Humbert sur un dispositif d’échange en ligne entre les membres des équipes médico-sociales s’occupant d’aînés en perte d’autonomie a montré que cette coordination ne permettait pas toujours de mieux prendre en considération la volonté des patients. Les demandes de ces derniers font l’objet de négociations complexes, qui dépassent largement le cadre de l’interface numérique observée.

Ma participation au REIACTIS m’a permis de rencontrer des doctorants travaillant sur le lien entre vieillissement et technologies numériques, ainsi que d’échanger avec plusieurs chercheuses dont je mobilise les travaux dans mes recherches. C’est le cas notamment de Kim Sawchuk, Claire Lafontaine et Loredana Ivan, qui ont fait partie ces dernière années du projet Aging, Communication, Technologies (université de Concordia). L. Ivan m’a conviée à participer à prochaine conférence de l’European Network in Aging Studies (Belgrade, 2021) ainsi qu’à postuler pour le prix de thèse proposé par le réseau. Après la découverte du REIACTIS Juniors lors du colloque, j’envisage également de rejoindre ce groupe.

Lucie DELIAS,
Docteure en Sciences de l'information et de la communication Université de la Sorbonne Nouvelle - Institut de Recherche Médias, Cultures, Communication et Numérique (IRMECCEN)

Le colloque « Société inclusive et avancée en âge » du Réseau d'Études International sur l'Âge, la CitoyenneTé et l'Intégration Socio-économique (REIACTIS) a eu lieu du mardi 4 au jeudi 6 février 2020 à Metz en France. Réunion importante au sein des études sur le vieillissement pour les chercheurs, les professionnels, les praticiens et toutes les personnes engagées sur ces thématiques. Trois jours de colloque, une cinquantaine de sessions thématiques dont la moitié avec un dispositif de traduction simultanée français-anglais ou français-espagnol, des séances plénières, des groupes thématiques, de nombreux posters scientifiques et des rencontres « Chercheurs-Citoyens ». La note de retour d’expérience est par conséquent l’expression d’un point de vue nécessairement particulier et synthétique.

La session « L’emploi des séniors en question » (Présidence : Anne-Marie Guillemard, Modération : Blandine Destremau et Elena Mascova) a permis des échanges de qualité sur les évolutions en cours concernant le marché du travail et les politiques publiques de vieillissement actif (active aging), avec des situations présentées au Royaume-Uni, en Russie et en Colombie. Christopher Ball a mis en avant les discriminations liées à l’emploi concernant les séniors et les enjeux qu’ont à relever les mondes de l’entreprise dans ce domaine. Anna Cherviakova a communiqué les résultats provisoires de l’étude quantitative en cours en Russie qui étudie les stratégies mis en place dès 40-45 ans par les travailleurs russes en vue d’augmenter leurs chances de se maintenir en emploi pour la suite de leur parcours. Guillaume Matuzesky a présenté son travail ethnographique en cours avec des séniors à Bogota, interrogeant la diversité des trajectoires laborieuses dans un monde urbain des Suds marqués par la non-hégémonie du travail salarié, interrogeant ainsi différentes versions du vieillissement actif.

C’est à la croisée de ces interventions que les modératrices Blandine Destremau et Elena Mascova ont prolongé les réflexions. Les apports sur des situations internationales permettent d’identifier que les pensions reçues ne conduisent pas nécessairement à l’arrêt de l’activité professionnelle. Il s’agirait alors de distinguer plus finement les configurations où la pension s’ajoute à différentes sources de revenus, ce qui diffère du statut de retraité.

L’augmentation de l’âge légal d’obtention de la pension conduit une frange seulement de la population à travailler plus longtemps. Une autre partie ne peut pas se maintenir en emploi (fatigue du corps, marché du travail défavorable aux séniors) alors l’augmentation de l’âge légal est compensée par des périodes d’inactivité, de longue maladie ou la poursuite d’activités en dehors des secteurs formels et déclarés, desquels ils sont exclus. La difficulté à se maintenir en emploi en tant que sénior se traduit par des comportements statiques dès 40-45 ans : ne pas changer d’entreprises, s’installer dans certaines zones géographiques pour leur bassin d’emploi, travailler dans les branches qui ne devraient pas débaucher les séniors.

En définitive, ces réflexions à la croisée de l’emploi et du vieillissement interrogent le travail. Où se situe la frontière actif/inactif ? En termes économiques, les statuts de salariés et de retraités marquaient cette différence. Les évolutions du monde du travail d’une part et la diversité des marchés de l’emploi dans les régions du globe fragmentent cette nette distinction. Par ailleurs, la question de genre et du travail invisibilisé, c’est-à-dire des tâches laborieuses non-considérée comme travail et très majoritairement assurées par des femmes, interroge sociologiquement les définitions de l’activité et de l’inactivité, au coeur des réflexions sur les vieillissements et l’inclusion sociale.

Ces éléments croisent les questionnements du groupe thématique 11 Vieillir en contexte africain, notamment la session « Protection sociale et inclusion des personnes âgées en Afrique » (Présidence : Mohammed Amar, Modération : Muriel Sajoux). La question de la sécurité sociale, c’est-à-dire de l’assurance collective des grands risques ou moments de la vie, est centrale. Un modèle privatisé est insatisfaisant en termes de société inclusive car ce sont seulement les populations aisées qui peuvent se faire soigner et vivre leur vieillesse avec des revenus suffisants. Mais, selon M. François-Xavier Albouy de la chaire « Transitions démographiques, Transitions économiques », le problème de la mise en place d’un système public de type français dans certains pays africains est qu’il n’a pas été financé par tous : les travailleurs s’y soustrayaient. Des expérimentations de systèmes inclusifs de santé ont eu lieu dans certains pays africains et asiatiques, couplant une supervision et un financement largement public à des prestaires de santé qui gèrent des zones territoriales. La question centrale est celle de la confiance : il faut que sur un temps long (parcours de vie) le système soit continu et que la cotisation assure des droits plusieurs décennies plus tard. Les questions d’assurance de santé et de revenus lors de l’avancée en âge sont des éléments centraux pour penser une société inclusive lors de l’avancée en âge.

Tous ces éléments interrogent la thématique centrale de ce colloque « Société inclusive et avancée en âge ». Comment penser cette société inclusive en termes de place dans la société, de reconnaissance par les activités, le travail et les ressources nécessaires. La conférence plénière de Serge Paugam, « Société inclusive et liens sociaux. Revenir aux sources de la solidarité humaine » met en avant la variété des liens sociaux, ceux qui libèrent (reconnaissent et protègent) mais aussi ceux qui oppressent (protection sans reconnaissance) et qui fragilisent (reconnaissance sans protection). Sans entrer dans les détails de la richesse de ces analyses, les revenus lors du vieillissement peuvent permettre protection et reconnaissance. Il ne s’agit pas, comme le montre les travaux de Blandine Destremau, de penser que les liens familiaux intergénérationnels de solidarité (qui compensent souvent les failles de la solidarité publique) sont nécessairement des configurations bénéfiques aux séniors.

Par ailleurs, de nombreuses sessions ont questionné la place des mobilités et des territoires dans le vieillissement. Si la question des configurations sociales du vieillir sont centrales dans la perspective de société inclusive lors de l’avancée en âge, les questions d’aménagement du territoire, de liens aux environnements et de mobilité sont clés dans l’analyse fine des maintiens et reconfigurations des liens.

Outre les échanges et les contenus de qualité qui ont permis de nourrir les réflexions relatives à la recherche doctorale, de nombreuses rencontres ont émaillé ces trois journées de colloque, avec des professionnels, des ingénieurs, des chargés de mission de collectivités publiques, collègues doctorantes et universitaires, basé en France ou à l’étranger.

Bien que non formalisé comme réseau, de nombreuses personnes basées à Lyon sont actifs sur les questions du vieillissement : Caroline Pigeon, Aline Alauzet, Laurence Paire-Ficout, du LESCOT IFSTTAR de Bron, non loin du campus Porte des Alpes de l’Université Lyon2 ; Julie Le Blanc, doctorante en anthropologie au LADEC ; Pascal Dreyer, coordinateur du réseau Leroy Merlin Source ; ou encore, Floriane Garin, doctorante en sociologie au CMW qui travaille avec Isabelle Mallon, Professeure. L’interconnaissance permise par le fait de nous retrouver toutes et tous réunies ouvre des possibles, sans même parler des énergies déjà très actives dans l’agglomération voisine de Grenoble.

Le colloque du REIACTIS m’a conduit à mieux appréhender les différents réseaux qui permettent de mettre en place des dynamiques collectives pour avancer dans nos travaux : l’Institut de la longévité, des vieillesses et du vieillissement ILVV (Groupement d’Intérêt Scientifique), les Groupes thématiques 6 et 7 de l’Association française de sociologie (« Politiques sociales, protection sociale et solidarités » et « Vieillesses, vieillissement et parcours de vie »), le Réseau d'Études International sur l'Âge, la CitoyenneTé et l'Intégration Socio-économique et sa composante jeunes chercheurs le REIACTIS Junior, et enfin « VieillissementS & Société », réseau de jeunes chercheurs en sciences humaines et sociales sur les questions de vieillissements et de vieillesse, au sein du collectif des Jeunes Chercheurs Santé et Société. Ces différentes organisations se complètent et travaillent en synergies, elles constituent des réseaux-ressources pour organiser les évènements scientifiques, rencontres, séminaires, moments d’échange nécessaires pour faire avancer nos travaux, pour diffuser les résultats de nos recherches ou encore pour penser de nouveaux modes de médiation des savoirs scientifiques.

Guillaume MATUZESKY,
Doctorant en anthropologie Laboratoire UMR-CNRS 5600 Environnement ville société ; LabEx IMU ; IC École Urbaine de Lyon Université Lumière Lyon2 Associé au Centre d’études sociales Université Nationale de Colombie

Parole d'organisateurs

Emmanuel JOVELIN, directeur du laboratoire 2L2S, université de Lorraine qui organise la manifestation et Jean-Philippe VIRIOT-DURANDAL, président du REIACTIS et Professeur au 2L2S présentent le 6e Colloque du REIACTIS lors d'une interview pour le "factuel", bulletin d'information de l'Université de Lorraine.

Pour la sixième édition du colloque international du REIACTIS (Réseau d'Études International sur l'Âge, la CitoyenneTé et l'Intégration Socio-économique) sur « Société inclusive et avancée en Âge », c’est Metz qui a été choisi. Il aura lieu du 4 au 6 février 2020 à Metz Congrès Robert Schuman. Interview de Jean-Philippe Viriot-Durandal, professeur, directeur du Master de Sciences Sociales à l’Université de Lorraine et président du REIACTIS et du professeur Emmanuel Jovelin, directeur du Laboratoire Lorrain de Sciences Sociale  (2L2S), organisateurs du colloque. 

Pourquoi accueillir le colloque REIACTIS à l’Université de Lorraine ?

Jean-Philippe Viriot-Durandal et Emmanuel Jovelin : L’Université de Lorraine est une université de rang internationale qui figure dans le classement de Shanghai. Au niveau national, elle fait partie des membres constitutifs et de la gouvernance de l’Institut de la Longévité des Vieillesses et du Vieillissement (ILVV) aux côtés de la Cnav, le CNRS, la CNSA, la Drees, l’EPHE, l’Ined, l’Inserm et l’Université Paris-Dauphine.
L’Université de Lorraine a également mis en place l’Initiative Lorraine Université d’Excellence (LUE) dans le cadre de l’appel d’offres PIA2 IDEX/I-SITE. LUE appuie une stratégie de recherche et de formation pour le site lorrain, en mettant l’accent sur certains domaines scientifiques, pour développer le leadership international. Dans ce cadre par exemple trois thèses ont été financées sur l’adaptation des territoires au vieillissement. Les doctorants de sociologie et de géographie ont d’ailleurs pris l’initiative d’une session commune sur leurs sujets lors du colloque où ils livreront une partie de leurs travaux.
Le Laboratoire Lorrain de Sciences Sociale (2L2S) est particulièrement actif sur ces thématiques au sein de l’Université de Lorraine notamment à travers son axe Vieillesse Parcours de vie et Genre (VIPAGE). C’est le 2L2S qui a défendu la candidature de la France pour accueillir le 6ème colloque international du REIACTIS et qui en coordonne l’organisation. Cet engagement se fait en étroite collaboration avec d’autres composantes et laboratoires de l’université compte tenu de l’ampleur de cet évènement.
 

En quoi ce colloque est-il un rendez-vous important sur le plan international ?

Jean-Philippe Viriot-Durandal et Emmanuel Jovelin : La France est assez peu familière des évènements internationaux de cette envergure en Sciences Humaines et Sociales dans le domaine du vieillissement. Le comité scientifique composé de 85 chercheurs de nombreux pays a reçu des propositions plus de 220 chercheurs issus de 32 pays. Après une sélection rigoureuse, le comité a validé le programme des rencontres scientifiques. En plus de ces communications, des tables-rondes ont été organisées afin de mettre en lien des chercheurs et des non chercheurs experts du domaine de la gérontologie mais aussi des décideurs publics, des acteurs de la société civiles et des professionnels. Sera également présente, Rosita Kornfeld, envoyé spécial de l’ONU, experte indépendante pour les personnes âgées au sein des Nations Unies. Au total sur trois jours plus 50 sessions auront lieu dont plus de 20 traduites en anglais et parfois en espagnol. Ces rencontres internationales offrent donc la possibilité d’un réel dialogue pluridisciplinaire de haut niveau. Ayant lieu lieu tous les quatre ans, il ouvre de nombreux espaces d’échanges avec les acteurs impliqués dans la recherche et la mise en place des politiques publiques dans le domaine du vieillissement.
 

Quelles thématiques seront abordées durant ce colloque ?

Jean-Philippe Viriot-Durandal et Emmanuel Jovelin : Le thème de l’édition de cette année est particulièrement en phase avec les enjeux d'actualité. S’interroger sur ce que peut être une société inclusive avec l’avancée en âge renvoie à des questions fondamentales sur la construction des relations d’âge dans les sociétés contemporaines. La question des retraites qui préoccupe la France mais aussi bien d’autres pays dont le Chili qui traverse une crise majeure actuellement renvoie à la manière dont les sociétés industrielles et postindustrielles conçoivent l’avancée en âge au regard de la capacité ou de la volonté à travailler. Des travaux d’éminents collègues seront discutés afin de mieux comprendre ce qui est en jeu lorsqu’on souhaite examiner une société inclusive avec l’avancée en âge à partir des transitions entre formations, emplois, retraite.
D’autres enjeux qui correspondent aux grands chantiers de politique publique des années à venir en France concernent par exemple la perte d’autonomie, les aidants ou encore la lutte contre les maltraitances ou l’accompagnement de la fin de vie. Sur ces thèmes nous aurons la chance d’entendre de nombreux spécialistes internationaux dont les recherches sont très éclairantes sur la situation actuelle.
 

Outre les politiques publiques aborderiez-vous d’autres thèmes d’actualité ?

Jean-Philippe Viriot-Durandal et Emmanuel Jovelin : Les hasards du calendrier font que nous serons proches des élections municipales. Nous recevrons justement l’un des meilleurs spécialistes de la sociologie électorale des seniors. Nous essayerons de comprendre les enjeux de ce que certains qualifient de « pouvoir gris » des citoyens âgés, et tenterons de saisir les raisons pour lesquelles la participation électorale chute au-delà de 77 ans.