FIGUREZ-VOUS... que l’environnement résidentiel modifie les liens entre problèmes fonctionnels et difficultés à réaliser des activités dans le quartier, différemment selon le type de barrière

© ILVV Figure du mois_Laborde (©macrovector-Freepik)

Caroline LABORDE, socio-épidémiologiste, travaille sur la perte d’autonomie fonctionnelle aux âges élevés. Elle s’est intéressée à la manière dont l’environnement résidentiel des personnes interfère avec leur état fonctionnel lorsqu’on analyse leurs difficultés à réaliser les activités du quotidien.

Caroline LABORDE utilise l’enquête CARE-Ménages, auprès des personnes de 60 ans ou plus vivant à domicile. Elle appréhende l’autonomie fonctionnelle par la réalisation « seul et sans difficulté » de plusieurs activités réalisées à l’extérieur (faire ses courses, prendre les transports…), selon le nombre de limitations fonctionnelles déclarées. Elle a créé des indicateurs de « barrières » environnementales déclarées dans l’enquête (mauvaise qualité des trottoirs, présence d’escaliers pour sortir, manque de bancs) et de faible niveau d’équipements de la commune de résidence via la base de l’Insee (BPE) (notamment, l’offre de commerces alimentaires).

Plus on a de limitations fonctionnelles, moins on réalise ces activités « seul et sans difficulté » ; elle décline ce résultat, par des modèles multivariés, selon les barrières. Dans des environnements caractérisés par des trottoirs de mauvaise qualité ou l’absence de bancs, les personnes réalisent encore ces activités seules, mais plus souvent avec des difficultés (écart croissant avec le nombre de limitations fonctionnelles). Dans ceux caractérisés par des escaliers pour sortir de chez soi et une faible diversité de commerces alimentaires dans la commune, les personnes sont plus souvent aidées (écarts non significatifs lorsque le nombre de limitations est élevé).

Sans pouvoir statuer avec ces données sur un effet causal de l’environnement (lieu de résidence et état fonctionnel pouvant dépendre d’autres facteurs liés), ces résultats témoignent d’associations significatives entre environnement résidentiel et réalisation d’activités extérieures et différentes selon le type de barrières. Ces résultats invitent à analyser si et dans quelles circonstances l’articulation entre caractéristiques individuelles et environnementales peut favoriser le maintien de l’autonomie fonctionnelle.

 

Caroline LABORDE, socio-épidémiologiste à l'ORS Ile-de-France

Références :

  • Laborde C, Ankri J, Cambois E (2022) Environmental barriers matter from the early stages of functional decline among older adults in France. PLOS ONE 17:e0270258. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0270258
  • Laborde C (2023). Analyses des caractéristiques départementales et résidentielles favorisant l’autonomie fonctionnelle des personnes âgées. Thèse de doctorat de l’université Paris-Saclay.

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