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Pauline GOUTTEFARDE, chercheure en santé publique et psychologie sociale, s'intéresse aux perceptions du vieillissement, et à la dynamique intergénérationnelle des représentations de la vieillesse au Cameroun, au Canada et en France. Elle analyse les différentes formes d'âgisme qui s'expriment dans ces contextes culturels différents.
Son enquête porte sur 68 participants de différents groupes d'âges répartis dans 10 "focus groups". Elle a analysé les représentations à partir, entre autres, du recueil, auprès de chaque participant, des trois premiers mots leur venant à l'esprit en pensant à une personne âgée et à une personne jeune. Les 420 "post-its" collectés ont été notés par une appréciation externe selon le degré de connotation positive, neutre ou négative. L'analyse des discours recueillis dans les focus groups explicite les résultats.
Dans les trois pays, il y avait significativement plus de mots négatifs relatifs à la vieillesse qu'à la jeunesse (28% vs 11%). Si le mot "sagesse" est le plus souvent cité pour caractériser le grand âge, il est suivi par "perte de capacité". Pour les jeunes adultes les mots les plus fréquents sont "apprentissage" puis "énergie".
Les connotations négatives, en France et au Canada sont liées notamment aux problèmes environnementaux, dont les plus âgés sont souvent tenus pour responsables. En France, s'y ajoutent des tensions liées au financement de la retraite. La connotation est aussi négative au Cameroun, pourtant caractérisé par un contexte favorable aux plus âgés par leur rôle important dans une société collectiviste ; l'éloignement géographique des plus jeunes et leurs préoccupations d'emploi sous-tendent ces connotations.
Les représentations de la vieillesse sont plutôt négatives quel que soit le pays. Les motifs et le niveau diffèrent, mais cette perception est nourrie dans ces trois contextes par une mise en concurrence des différents âges de la vie face à des ressources contraintes, notamment économiques, écologiques.
Pauline GOUTTEFARDE, docteure en Santé Publique et Psychologue Sociale ; cheffe de projets Gérontopôle Auvergne Rhône Alpes
Références :
- Gouttefarde, P. (2024) Analyse transculturelle de l’âgisme et des relations intergénérationnelles. Thèse de doctorat, ED Science Ingénierie Santé, Université Jean Monnet de Saint-Etienne (France), 272 pages.
- Gouttefarde, P., Gay, E., Guyot, J., Kamdem, O., Socpa, A., Tchundem, G., Dupré, C., Nkenfou, C., Bongue, B., Barth, N., & Adam, S. (2024). The shifts in intergenerational relations in Cameroon and their potential impact on the health of older adults. BMJ Global Health, 9(5), e014678. https://doi.org/10.1136/bmjgh-2023-014678
- Barth, N., Guyot, J., Fraser, S., Lagacé, M., Adam, S., Gouttefarde, P., Goethals, L., Bechard, L., Bongue, B., Fundenberger, H., & Célarier, T. (2021). COVID-19 and Quarantine, a Catalyst for Ageism. Frontiers in Public Health, 9:589244. https://doi.org/10.3389/fpubh.2021.589244
- Gouttefarde, P. (2023). Vieillir ? Et alors : Nathalie Bailly & Kristell Pothier, Éditions Mardaga, 2022, 224 p. Retraite et société, 90, 209-212.
- Gouttefarde, P., Guyot, J., Fundenberger, H., Barth, N., & Bongue, B. (2022). Ageism and connected autonomy in the era of COVID-19. Dans L. Garcia, L. Bélanger-Hardy, J. Jutai, & M. Łuszczyńska (dir.), Well-being in later life.
