Âges, âgisme et discriminations

L'âgisme associe à des groupes d'âges, souvent les jeunes adultes et les plus âgés, des stéréotypes valorisants ou dévalorisants. L'âgisme porte ainsi un regard monolithique sur ces groupes de populations, gommant la diversité de leurs ressources et de leurs besoins. Si les groupes d'âges importent à bien des égards dans les recherches, l'âgisme leur prête une fonction décisive en matière de comportements, de santé, de patrimoine, de famille, de savoirs, de capacités, de rôle social, etc. Il ignore de ce fait l'impérieuse nécessité de déconstruire ces groupes pour identifier les facteurs plus déterminants des situations observées. Par ailleurs, l'âgisme, qui oppose par construction les générations qui composent la population, conduit à les mettre en concurrence face à des ressources rares (travail, prestations sociales, soins, etc.) et encourage des attitudes discriminatoires. La crise sanitaire l'a illustré, la tentation d'établir des traitements ou des règles bâtis sur l'âge est grande. Elle est en partie liée à la sur-représentation de situations de vulnérabilité aux « grands-âges », en particulier en matière de santé ; elle induit des mécanismes, attitudes, dispositifs à la fois protecteurs et discriminants, activés (explicitement ou non) par des seuils d’âges. Mais en temps de crise comme en temps habituels, la question de la légitimité de ces seuils se pose, en même temps que se pose celle du respect des droits et libertés de mobilité et de décision des personnes. Les textes rassemblés ici soulignent l'importance de donner toute leur place à ces problématiques dans les réflexions sur l'adaptation de la société au vieillissement. Là encore, on mesure combien le croisement des regards disciplinaires et des approches enrichit ces réflexions.