Patrimoine, transferts, inégalités

L'allongement de l'espérance de vie joue sur les ressources dont disposent les personnes tout au long de leur vie, et ce de manière différente selon leurs parcours et carrières. Ainsi, les conditions de vie durant la retraite dépendent non seulement de la vie professionnelle, mais aussi des histoires familiales et conjugales. Ces histoires conditionnent ce que l'on reçoit du cercle familial dans l'enfance (via les ressources du ménage dans lequel on grandit), puis via des transferts, donations ou héritages. Elles conditionnent aussi ce que l'on donne une fois adulte aux descendants et parfois aux ascendants manquant de moyens, en particulier en cas de perte d'autonomie. Or, comme l'illustrent les contributions à cette Lettre, la plus grande longévité conduit à la fois à retarder les héritages et, pour les plus âgés, à préserver une épargne de précaution. Cela réduit la circulation des ressources vers les plus jeunes et, entre autres, leur accès au patrimoine immobilier avant la retraite. C'est l'épineuse équation que sont amenées à résoudre les personnes avançant en âge, avec de grandes différences de ressources, qui souhaitent soutenir leurs descendants tout en gérant une inconnue de taille : leurs besoins à venir. Mais c'est une équation qui doit être résolue aussi collectivement, notamment pour que perdurent nos systèmes de protection sociale intergénérationnels, leur caractère mutualiste et leur visée redistributive. Le défi est grand en présence de larges inégalités en matière de longévité, de santé, de ressources, avant puis durant la retraite. Le déploiement de nouveaux dispositifs et leur appropriation par la population sont des enjeux majeurs.