Frères et sœurs dans le vieillissement

Le groupe familial formé par les frères et sœurs constitue un objet de recherche encore peu étudié dans le contexte des vieillesses et du vieillissement. Il apparaît certes au détour de nombreuses problématiques, en particulier en matière d’aide apportée à leurs parents ou de transmission de patrimoine. Mais les fratries, ou adelphies, sont peu analysées sous l’angle de leurs dynamiques et du rôle qu’elles peuvent jouer en tant que groupe social. C’est ce que font les recherches rassemblées dans cette lettre. Elles montrent les affinités fortes qui persistent aux grands âges. Elles suggèrent aussi des points de frictions et de désaccords qui, au contraire, altèrent les liens. Elles démontrent des règles de répartition de l’aide apportée par les frères et sœurs aux proches en perte d’autonomie, règles qui semblent répondre à des attentes et des logiques sociales envers ce groupe. Enfin, ces recherches interrogent les formes de solidarité et de soutien au sein de cette génération lorsqu’elle vieillit à son tour ; dans quelle mesure s’articulent-elles à celles apportées par les enfants? 

La compréhension de ce qui renforce ou délite les relations entre frères et sœurs est importante ; la fratrie peut-elle constituer une ressource, alors qu’on observe la diminution des réseaux de sociabilité et de soutien affectif, matériel et d’aidance avec l’avancée en âge? Par ailleurs, la fratrie est un objet en pleine métamorphose. L’allongement des temps de la vie et la diversification des parcours conjugaux s’accompagnent d’une réduction de la taille des fratries, mais aussi de reconfigurations familiales s’ouvrant aux demi- et quasi-frères et sœurs. L’évolution des interactions aux grands âges est à découvrir. Au total, c’est un champ ouvert pour mettre en lumière les trajectoires favorisant la qualité des liens au sein des fratries âgées d’aujourd’hui et de demain, et les facteurs qui les relâchent, les tendent ou les brisent

Emmanuelle Cambois